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Tempêtes - Octobre 1987

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L' ouragan du 16 octobre 1987


Source : Ina.fr (capture Météo01)


Le ciel a bien failli nous tomber sur la tête en particulier sur la Normandie, la Bretagne, le nord de la France et l' Angleterre en raison d ' une  rapide tempête en cette mi octobre 1987 et don't tout le monde a encore en mémoire avant que celles de décembre 1999 n' efface celle-ci. Tout commença par  la naissance d 'une petite  dépression au large de l' Atlantique du côté des Açores, qui gagna ensuite la Bretagne pour la toucher à 18h avec un certain retard. Rien ne présageait donc ce qui allait se passer la nuit suivante. Cette dépression se déplaça  à une vitesse de 50/60 km/h  avec des dégâts minimes.  Ce n' est donc pas cette dépression qui fut inquiétante mais une seconde, bien plus forte qui se forma le long de son front froid dans le Golfe de Gascogne. Cela entraina un fort courant-jet venant d' ouest et un fort mouvemernt vertical ascendant qui donna une pression très très basse en son centre, 958  mb. On assistera ainsi à la présence d' une tempête similaire à un véritable ouragan. Cette forte dépression touchant la Bretagne remonta ensuite vers le nord du pays en longeant les côtes de très près. Tout en se déplaçant cette dépression s' était fortement creusée pour atteindre seulement les 948 Hpa à Ouessant sur les baromètres sur les coups des minuit!; un chiffre exceptionnel ! . Jamais depuis que l' on fait des mesures on avait noté une pression atmosphérique aussi basse à Brest depuis la création de la station. Idem pour sa remontée très spectaculaire d' ailleurs. .C' est sur la pointe bretonne qu' elle atteignit sa pleine puissance. Elle dévastera tout sur son passage , à travers le Finistère, le Morbihan, les Côtes d' Armor, l' Ile et Vilaine, la Manche et une partie du Calvados. Cette tempête exceptionnelle sera comparée à un ouragan de force 2 sur l' échelle de Saffir-Simpson, même s' il s' agissait d' une dépression synoptique des latitudes moyennes. On la baptisa fréquemment Ouragan de 1987. La station météo de Brest relèvera un record de vitesse des vents depuis sa création qui remonte à 1945. A Quimper des rafales continuelles jusqu' à 180 km/h furent enregistrées. Plus tard la tempête touchera l' Angleterre. Des creux de près de 16 m auraient été relevés au large des côtes anglaises et dans le secteur d' Ouessant et de Belle Ile en Mer, ce qui équivaut à un immeuble haut de 5 à 6 étages.


Une nuit dantesque

La nuit fut terrible en particulier pour les Bretons. On a ainsi enregistré des pointes à 240 km/h, sur l' ile de Batz. Un véritable ouragan qui fort heureusement est passé en quelques heures mais cela a suffi pour faire d' énormes dégâts. Les toitures se sont envolées, des cheminées balayées, des antennes de télévision véritablement emportées, sans compter les arbes à terre et les pertes humaines. La mer fut déchainée avec des creux de 10 mètres fréquents. Plusieurs navires ont été en difficulté. Sauf à de rares exceptions tous les départements français furent impactés.Sur notre pays, la Bretagne et la Manche furent les régions les plus touchées avec un mort et une quinzaine de blessés. Au total l' ouragan sur notre territoire fit 15 victimes.  On ne compte plus les zones entièrement dévastées par ce cataclysme : arbres et toitures arrachées, voitures retournées, routes coupées car jonchées d' arbres et de branchages., bateaux à la dérive, pontons arrachés dans les ports, vents atteignant parfois les 240 km/h. Cette tempête d' une rare violence fut l' une des plus intenses des 100 dernières années sur notre pays.Elle s' est abattue dans la nuit du 15 au 16 octobre 1987 sur une partie de l' Europe, du nord jusqu' à l' Espagne mais touchant essentiellement la Bretagne et la Manche faisant un mort  ( un cycliste en Seine Maritime près de St Aubin les Elbeuf qui fut projeté par une rafale contre un poteau électrique) et plusieurs blessés dont une fillette à St Malo par la chute d' une cheminée dans sa chambre. Près de 20 morts dans le reste de l' Europe. De mémoire de Breton, on n' avait jamais connu un pareil ouragan même si dans le passé il y eut de gros coups de tabac. On parla ainsi de "jamais vu, de catastrophique ". Tous les témoignages firent état du même constat de violence , égal à un ouragan; que ce soit les pompiers de Quimper, ou le gardien du phare de la Vieille. Un habitant de Douarnenez interrogé n' avait jamais vu une chose pareille : " des bois entiers ont été décimés et les arbres ont été cassés à trois ou quatre mètres de hauteur comme des allumettes; c' est un spectacle ahurissant". La nuit fut accompagnée de vents qui ont atteint des vitesses records souvent jamais enregistrées jusqu' à ce jour : 212 km/h à Granville dans la Manche, 220 à 230 km/h à la point du Raz dans le Finistère. Ailleurs sur les côtes et à l' intérieur des terres proches de la dépression les relevés sont tout aussi exceptionnels ( voir tableau ci-dessous). La tempête a eu des effets incroyables et parfois insolites comme l' anémomètre du sémaphore de la pointe Saint Mathieu qui fut littéralement arraché !. Les appareils sont prévus pour mesurer des vitesses de vent jusqu' à 180 km/h, ce qui est déjà pas mal !. Une centaine de voiliers dans le port de plaisance de Concarneau ont brisé leurs amarres. Dans le Golfe du Morbihan pas moins de 500 bateaux seront endommagés. A Cherbourg douze bateaux coulèrent. A Port Chantereyne quasiment toute la flotte fut cassée. Les pontons disloqués se comptent par centaines posant des soucis pour amarrer les bateaux dans les ports de plaisance. Les chalutiers aussi furent impactés. Plusieurs ont été brisés au Guilvinec, d' autres envasés comme à Morlaix, Paimpol ou bien encore Loctudy, Granville.... La faune a aussi subi un lourd tribu avec des centaines de goéland argentés aspirés par les rouleaux puis étouffés.
 


 
Source : Ina.fr (capture Météo01)


Forêts à terre

En Manche un chalutier école fut en grande difficulté durant la nuit au large de Fécamp avant d' être secouru durant la matinée du vendredi.  Près du Havre un bateau philippin de 257 m de longueur, qui transportait des minéraux a rompu ses amarres et s' échoua sur de la vase. A Quimper des platanes centenaires (3500 au total ! ) n' ont pas résisté sous les rafales tempêtueuses, littéralement couchés. A Avranches ou Cherboug même constat sur les arbres. Le cèdre de Carantan né avant la Révolution ! ne connaitra pas le 21e siècle !.  50 000 hectares de la forêt bretonne seront mis à terre soit au total 10 millions d' arbre soit 6 millions de m3 à la fois privés et publics. On estime que 30 000 hectares furent sinistrés à des degrés divers sur les  64 000 que comptent le département des Côtes d Armor. Les feux tricolores furent souvent brisés, les panneaux de signalisation, routiers et publicitaires couchés, les caravanes renversées, les serres en plastique et en verre totalement détruites, les toitures d 'écoles aspirées comme celles d' entrepôts, d' usines ou de porcheries, murs écroulés, rochers parfois déplacés, parcs à huitres emportés, pierre tombales des cimetières endommagées, clochers branlants, flèches parfois à terre comme à Plerguer près de St Malo. C' était comme la fin du monde.
 

  1 200 000 foyers furent sans électricité en raison des milliers d' arbres à terre.Edf déploya pas moins de 3700 agents sur le terrain venus des 4 coins du pays pour rétablir au plus vite le courant dans l' ouest du pays en particulier en Bretagne et en Normandie où le désastre est immense et le travail fut considérable avec 12 000 poteaux brisés à remettre en état et près de 26 000 km de lignes rompues ou endommagées rien que dans le Morbihan et le Finistère !  36 000 lignes de téléphone furent en dérangement et l' on dépêcha du côté de France Telecom 500 agents des lignes qui ont travaillé durant tout le week end.qui a suivi cette tempête, une tache rendue difficile par le fait aussi que plusieurs centraux furent impactés par le manque d' électricité pour fonctionner. Les pompiers quant à eux n' ont pas chômé et furent surchargés d' appels. On comptabilisa près de 5300 interventions rien que dans le Morbihan, les côtes d' Armor, les Côtes du Nord et le Finistère. Le toit d' un supermarché s' envola à Morlaix comme une partie de celui de la Préfecture de Quimper. A Caen dans le Calvados, le clocheton de l' abbaye aux hommes s' est effondré et écrasa 4 véhicules. Des véhicules aussi écrasés du côté d' Orival suite aux 30 tonnes de roche qui se sont détachés d ' une falaise.  Fort heureusement il n'  y avait personne à l' intérieur. Avant midi la plupart des grands axes étaient assez bien dégagés et les axes secondaire le furent avant la fin de l' après-midi. Sur le réseau SNCF ce fut assez vite le retour à la normal également.

 

L' Angleterre également touchée

 

Les 6 départements durement touchés seront classés en état de catastrophe naturelle avec une évaluation pécuniaire des dégâts qui fut affinée avec le temps.Au final en France les dégâts auront été estimés à  plusieurs milliards de nos francs (23 milliards dans ce coin de l' Europe). Ce fut l' un des sinistres les plus chers au monde depuis 1970 après la tempête de 1990 par exemple. Cela montre ainsi que ces dégâts ont été gigantesques alors que ce ne fut essentiellement que le NO de notre pays le plus impacté. Notre pays aura connu 15 morts. Le fait que la tempête a balayé la France dans la nuit a sûrement limité ces pertes humaines. 1250 000 abonnés furent privés de courant. L' ouragan mit au sol 20 à 25 % de la forêt bretonne. L' église de Concarneau fut tellement touchée qu' il a fallut quelques années plus tard la détruire.

Le reste de  l' Europe ne fut pas épargné en particulier donc l' Angleterre. Elle fit au moins 19  morts dans ce pays don't 2 sapeurs pompiers, 1 en Espagne sans compter des dizaines de blessés et des dégâts là encore considérables. Le sud de l'  Angleterre a subi la tempête la plus violente depuis 1703 provoquant ces plus de 10 décès. En quelques heures seulement le sud et l' est ont été littéralement balayés par des vents allant jusqu' à 165 km/h dans la capitale, Londres. Ce fut ainsi un record jamais enregistré  ! .  Il y  a eu 15 millions d' arbres cassés ou arrachés. Les routes, chemins de fer furent paralysés par les débris. De nombreux ouvrages et batiments furent endommagés. Les liaisons de télécommunications ont été bloquées et ont perturbé par exemple la Banque d' Angleterre qui a suspendu toutes les opérations boursières et monétaires en raison de ces intempéries et ce  pendant 48 heures.  Plusieurs centaines de milliers de foyers se sont retrouvés sans électricité suite à la mise à terre de nombreux poteaux et fils. Il faut aussi rajouter à cette longue liste  de nombreuses embarcations coulées ou projetées. Un navire chavira à Douvres alors qu' un traversier s' échoua à Folkestone. Le mât de la fameuse radio pirate, Radio Caroline, monté sur le Ross Revenge fut cassé.  On estime le coût de ces dégâts en 1987 à 1,2 milliard de livres sterling. Le nord de l' Espagne de son côté  a enregistré des rafales à 140 km/h et des pluies diluviennes. Au bilan : un mort, deux disparus et une douzaine de blessés due au train de luxe, le Talgo Madrid-La Corogne qui dérailla. Les inondations ont obligé l' évacuation de plusieurs villages de Galice.

 

On rappellera que d' autres tempêtes touchèrent la France avant 1987 et qui furent parfois très violentes mais sans commune mesure avec cet ouragan ou les tempêtes de décembre 1999 qui furent exceptionnelles par leur intensité par le territoire touché par des rafales dépassant les 120 km/h et l' ampleur des conséquences ( on y reviendra dans un prochain dossier). On peut citer les 10-12 janvier 1978, le 12 mars 1967, le 7 août 1948, les 4-6 décembre 1896.


 


Quelques mesurées effectués lors de cette tempête :

 

Brest

Bréhat

Belle Ile

Rennes

La Hague

Caen

Abbebille

Paris

148 km/h

172 km/h

162 km/h

137 km/h

143 km/h

140 km/h

119 km/h

115 km/h

Pte de Penmarch

Ouessant

Nantes et Le Mans

Granville

Quimper

Ile de Jersey

Cherbourg

Pte du Raz

220 km/h

176 km/h

115 km/h

212 km/h

165 km/h

215 km/h

165 km/h

230 km/h 

 

Pour aller plus loin encore dans les infos :



http://tf1.lci.fr/infos/media/jt/0,,3572252,00-bretagne-blessures-ouragan-1987-.html : le point 20 ans après.

http://www.paysan-breton.fr/article/7751/l'ouragan-de-1987,-20-ans-plus-tard--"%3Bnous-devions-ensiler-le-jour-de-la-tempete"%3B.html




Notes et références : archives personnelles, données Météo France, archives vidéo de l' Ina.fr .
 
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Date de création : 28/09/2009 @ 15:15
Dernière modification : 04/02/2017 @ 11:48
Catégorie : Tempêtes

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